LE CLOS RENAUD
Arnaud et Claudine MILANDRI
Une histoire d’amour des « vieilles pierres »
Passionnés de vieilles pierres depuis toujours nos avons eu le coup de foudre en avril 1997 en arrivant à Louchy Montfand. Il était là le rêve. Evidemment pas en très bon état mais il fallait juste repérer les belles pierres et les remettre en valeur
1997
Et le travail n’a pas manqué, habitant en Lorraine à l’époque, tous nos congés étaient consacrés à la « maison ». Rien n’a été facile mais tellement enrichissant, retrouver les traces d’une fenêtre ou d’une porte murées, d’un escalier enterré, mais aussi des toits percés, de la végétation envahissante…Nous avons eu la chance de rencontrer les bonnes personnes qui nous ont aidé à mettre en valeur ce patrimoine.
Depuis 1997, nous avons entrepris la rénovation de la maison, d’abord les toits du bâtiment principal, puis de la grange et des deux tours. Ensuite d’importants travaux de maçonnerie pour remailler les nombreuses fissures à l’extérieur. Et puis un chantier de menuiserie, certaines fenêtres étaient ou murées ou munies seulement d’un volet. Les sols étaient constitués de tomettes très abimées et posées sur de la terre.
En 2000 nous avons obtenu le prix de la Fondation Suza du Patrimoine, en 2002 le grand prix Emile Mâle et en 2005 le prix Allen pour la qualité de nos restaurations. A ces occasions nous avons fait l’objet de publications dans le journal « la Montagne », « le St-Pourcinois » et d’un reportage à France 3 Auvergne.
LA MAISON
L’extérieur :
D’après les recherches faites aux archives départementales et nationales elle date du XVè siècle. La façade OUEST est percée d’une porte « à boudins » et de fenêtres munies de grilles en fer forgé et de coussièges à l’intérieur.
La tour ronde est percée de meurtrières canonnières, preuve de la mise en défense de la maison, elle débouche sur un couloir avec latrines.
La façade EST : les fenêtres du haut ont été modifiées au XVIIè ou XVIIIè siècle, celles du bas ont été partiellement murées, probablement à la Révolution pour réduire la « taxe sur les ouvrants », une fenêtre à meneau croisé en comportant 4…
L’entrée de la tour pentagonale est surmontée d’un linteau en accolade, l’escalier en vis dessert les étages
L’intérieur :
La maison s’organise en deux niveaux d’habitation, au rez-de-chaussée une grande salle avec une cheminée et un escalier qui mène au cellier. Quelques marches dans la tour pour arriver à la « salle basse » avec accès à la tour ronde et au couloir des latrines. A l’étage, la « salle haute », la disposition est la même, des restes d’anciennes tomettes nous ont permis de refaire le sol à l’identique.
Le reste de l’étage avait été cloisonné en petites pièces on y trouve une belle cheminée XVIIè.
La grange a été construite plus tardivement, elle communique avec la grande salle par une porte (qui était murée) surmontée d’un linteau en accolade.
UN PEU D’HISTOIRE
D’après Nicolas NICOLAY, géographe de Charles IX 1569 :
« Lochy est une autre paroisse aussy située en pais de vignoble en laquelle y a un siège pour le faict de la justice administrée par les officiers de Verneul, auquel respondent les habitans d’icelle parroisse » …NICOLAY relevait déjà plusieurs seigneuries « le sieur de Cloz Regnault chasteau fort paroisse Lochy ».
Nous avons donc trouvé les traces de la famille CHARBONNIER à Louchy. C’était une très ancienne bourgeoisie qui apparaît d’abord en Nivernais, puis semble s’être fixée aux environs de Moulins par un mariage au XIVè siècle. Son blason est d’azur à un chevron d’or accompagné de trois étoiles d’argent. Nous avons pu consulter aux Archives Nationales l’acte original de l’hommage rendu par Bridal CHARBONNIER seigneur du Clos Regnault en la paroisse Louchy à la duchesse du Bourbonnais, acte daté d’octobre 1506. Une photo de cet acte est en notre possession.
Il apparait ensuite que Nicolas du BUYSSON , né en 1585, est seigneur entre autres, du Clos Renaud. Ce domaine passe dans l’héritage de sa fille Jeanne, mariée à Nicolas-Louis de VILLELUME : « Jeanne du BUYSSON dame du Clos Renaud mariée vers 1650 avec Nicolas-Louis de VILLELUME… (Des Gozis) »
(le musée de BOSTON aux USA est en possession du livres d’heures de Jeanne du BUYSSON)
Jeanne et Nicolas-Louis eurent à leur tour une fille Marie-Catherine, qui épousa en 1687 Gaspard de BIOTIERE : « Marie-Catherine de VILLELUME, dame en Clos Renaud, mariée par contrat du 25 mars 1687 à Gaspard de BIOTIERE… » (des Gozis ).
Gaspard vendit le domaine du Clos Renaud aux frères GILBERTON en 1696.
Ces informations ont été relevées dans des documents consultés aux Archives Départementales de MOULINS et aux Archives Nationales de PARIS.
Les autres pistes concernant les périodes manquantes sont plus aléatoires :
Au XIVè siècle la famille d’AVENIERES possédait un « hotel » à Louchy :
« Hugues d’Avenieres damoiseau seigneur du Pleix, de Louchy et autres rendit foi et hommage en 1366 pour 12 hommes de condition serve et pour son hotel de Louchy »,
selon certains dires il s’agirait du château de la Motte.
Or Il semblerait qu’à cette époque la famille de LINGENDES soit propriétaire de la Motte Louchy.
Hugues d’AVENIERES aurait épousé Jeannette de MONFAND vers 1360. Leur fille unique épousa en 1389 Guillaume de LINGENDES seigneur de la Motte Louchy.
Les parchemins originaux des Archives Nationales concernant cette période sont écrits en latin, nous avons des photos et les traductions mais l’interprétation reste floue.
Nous avons trouvé, « rangés » dans les linteaux des cheminées différents parchemins, reçus de gabelle et autres écrits assez abimés par le temps et difficilement lisibles. Le plus important a été envoyé en copie à l’école des Chartes à PARIS pour traduction, sans résultat, car comportant trop d’abréviations.
Maurice PERROT DES GOZIS 1851 1909 : Généalogiste
Il a constitué un fonds documentaire sur les familles bourbonnaises, consultable aux Archives Départementales de Moulins et sur internet.